Les DIY Series sont une nouvelle saga de votre site préféré. Le concept ? Aller à la rencontre de créateurs amateurs et indépendants pour les interroger sur leur motivation, leur mode de fonctionnement. Bref, connaître et faire connaître des techniques de Do It Yourself. Première rencontre avec Social Square.

Social Square est un trio parisien fondé en 2005, qui joue du rock à guitares et revendique haut et (très) fort l’influence du rock alternatif américain des années 90. Pavement, Sebadoh ou Sonic Youth sont leurs influences les plus évidentes. Plus que de longs discours, écoutez donc Walk In Your Shoes et It vs You :

La phrase “c’est marrant, vous sonnez pas du tout comme un groupe français” est un cliché un peu pénible à penser (et encore davantage à prononcer) mais c’est pourtant la première chose qui m’est venue à l’esprit en découvrant que Social Square venait de Paris (et c’est aussi la première chose que j’ai dite à Patrick, le chanteur et compositeur du groupe, quand je l’ai rencontré). Ceci dit, c’est pas non plus complètement idiot pour deux raisons. La première est que Patrick est franco-américain, ce qui le dispense d’avoir un accent à la con. La seconde, je vous la révélerai tout à l’heure.

Les lieux de création

Pas de home-studio pour Social Square, les chansons sont donc travaillées live. Pour répéter, Social Square a trouvé un bon filon. Plutôt que disposer d’un créneau dans un studio qu’on loue à l’heure ou à la journée (type Basement, Luna Rossa ou autre), ils jouent dans un local loué en commun par plusieurs groupes à St-Ouen. Du coup, ça coûte a priori moins cher, mais ça a surtout l’avantage d’être plus facile pour avoir son créneau hebdomadaire (le lundi c’est la soirée Social Square pour chacun des membres du groupe) et plus pratique pour laisser son matériel. Soit, il reste toujours le problème du matos qu’on doit partager entre groupes (batterie et amplis) mais c’est un moindre mal.

Les enregistrements

Le groupe a enregistré 3 titres en 2010. Le travail a commencé dans un studio d’Alfortville : trois jours de location avec un ingénieur du son de leur connaissance - James van Leuven. Une fois les titres enregistrés et mixés, on leur a tuyauté une idée pour le mastering : plutôt que le faire à Paris, pourquoi pas le faire faire par des Américains biberonnés aux mêmes influences ? En l’occurrence, le mastering a été fait par Master Works, à Seattle (c’est donc là que se cache la seconde raison du son si-peu-français du groupe). Les échanges se sont faits sans exploser le budget, en payant même moins cher qu’à Paris, via échanges de mails et plateformes d’échanges de fichier. Pas bête.

Ce sera rebelote en 2011. Toujours 3 titres, avec les mêmes personnes aux manettes, et pour financer le tout (parce que faire de la musique, ça coûte de l’argent), le groupe a eu la bonne idée d’utiliser la plateforme de collecte de fonds Kiss Kiss Bank Bank où tout le monde pouvait participer à l’effort en contrepartie de lots sympas :

  • pour une participation de 5€, un exemplaire signé et numéroté de l’album
  • pour 15€, ajoutez-y stickers et badges
  • pour 30€, un tee-shirt en sus, etc.

Les concerts

Patrick a une stratégie pour trouver les concerts du groupe : bassiner les responsables de bars jusqu’à ce qu’ils acceptent. Ou alors profiter des connexions avec les potes des autres groupes pour jouer les mêmes soirs qu’eux. Au final, le groupe joue un concert tous les mois ou deux, surtout en région parisienne. Pourquoi pas ailleurs ? Les villes de province proches de Paris sont jouables (Lille ou Reims par exemple), mais quand il faut aller plus loin, la logistique devient compliquée : il faut louer la camionnette pour le matos, payer les frais de transports, trouver un logement sur place et on a le boulot qui fixe des contraintes de planning. Les cachets sont loin de couvrir toutes les dépenses.

Se faire connaître

Pour que sa musique se fasse connaître, là aussi, il faut y consacrer du temps et envoyer les liens et les MP3 aux webzines et blogs musicaux. Il y a plus de chances de réussites de ce côté-là que vers la presse traditionnelle ou les radios. Au final, Social Square se retrouve avec de jolies chroniques sur le web chez La Magic Box, Addictif Zine ou Indessence.

Le petit plus sympa vient du blog des Inrocks Gimme Indie Rock qui a diffusé ce petit strip et a permis à Social Square de faire copain-copain avec Wonderflu, l’autre cité du post (et dont l’écoute est également recommandée).

Les autoroutes de l’information à la rescousse

Si les gens n’achètent plus de disques, c’est parce qu’ils sont trop occupés à en faire eux-même.

— Andrew Loog Oldham, 2007

Après la rencontre avec Patrick, un acteur semble incontournable dans la vie du groupe, j’ai nommé internet. Du mailing aux webzines et aux patrons de café, du financement des enregistrements au mastering à Seattle, internet a semble-t-il bouleversé la vie des groupes, qui devaient avoir une expérience complètement différente il y a quelques années à peine. Aujourd’hui, tout le monde peut faire un groupe et le faire vivre à moindre frais, sans producteur et en toute indépendance, à condition d’y passer du temps, du temps et encore du temps.

Au risque de voir une multiplication du nombre de groupes jusqu’au seuil critique où ils n’arriveront plus à trouver leur public ? Pas vraiment puisque le web vient aussi à la rescousse, outre les incontournables MySpace, Bandcamp ou Inrocks Lab, même aussi Noomiz, une autre plateforme française, dont Patrick m’apprend l’existence.

Des recommandations ?

Au final, voici les recommandations de Social Square :

Social Square sera en concert le vendredi 22 avril dans l’excellent nouveau club rock parisien Les Combustibles, 14 rue Abel, avec The Bree Van De Kamp’s et Bloodthirsty Hippies, 5€.

Créateurs amateurs et indépendants, n’hésitez pas à vous manifester !