Malgré tous ses efforts, je n’arrive pas à détester Bono.

Pourtant, je vois bien qu’il fait des efforts. J’entends bien ses manières chichiteuses sur cette reprise acoustique de Sunday Bloody Sunday. Bien sûr qu’elles me donnent un début de nausée. Mais malgré tout, voir Bono et The Edge, la soixantaine attaquée, reprendre leur plus gros tube historique à l’occasion des 50 ans du Bloody Sunday de 1972, à la cool, avec un solo pas dégueu, en faisant l’effort de pondre un nouveau couplet, chanté bien plus sobrement, ben je sais pas, mais ma nausée passe et je me dis — encore une fois ! — que, merde, U2 c’est bien.

Ils pourraient plutôt aller siroter des cocktails au bord de la piscine avec Adam et Larry, mais non. Paul et David1 s’y collent. Avec ce que je devine être de la sincérité. Et je les aime pour ça.

Bono, c’est l’inverse de Dave Grohl. Dans sa review de Medicine at Midnight, Jeremy D. Larson balance :

Dave Grohl’s lawful-good lifestyle presents an eternal conflict between being unable to hate the guy and being unable to enjoy the music he continues to make.

Ça résume tout à fait mon sentiment. Malgré mon envie d’aimer Dave Grohl avec passion, parce qu’il a l’air vraiment cool, parce que Nirvana, parce que tout ça, je n’y arrive pas parce que rien dans ce que j’ai entendu des Foo Fighters ne reste dans mes bagages2. Je ne le déteste pas non plus hein, mais Dave Grohl n’a jamais dépassé, chez moi, le stade de l’indifférence bienvaillante.

À l’inverse, j’aimerais détester Bono très fort. Mais bon, les titres de U2, ça colle. Le syndrome de la folie des grandeurs. Ou, plus court, le syndrome Bono.

  1. Car, non, sur leurs certificats de naissance, vous ne lirez pas “Bono” et “The Edge” figurez-vous. Ça ferait une bonne question de quiz ça !

  2. à l’exception près de This Is a Call peut-être.