Mardi 6 juin 2006. Devant la Maroquinerie. Ce soir c’est concert de rock’n’roll (yeah !) avec deux groupes que j’ai déjà vus à l’œuvre en live.

La tête d’affiche est relativement connue, il s’agit des BellRays, groupe californien formé en 1990. La première partie, elle, est un peu moins connue mais à vrai dire, c’est surtout pour elle que je fais le déplacement, il s’agit des Soledad Brothers, groupe de garage de Detroit dont les deux prestations passées auxquelles j’avais eu la chance d’assister auparavant avaient été complètement oufesques.

Mais dès l’arrivée devant la salle, le ciel me tombe sur la tête, la feuille A4 scotchée sur la porte est on ne peut plus claire : “Le concert des Soledad Brothers est annulé pour cause de dissolution.” Non !!! Pourquoi seigneur ⁈ Pourquoi ne verrai-je donc plus jamais ce groupe formidable, aux concerts formidables qui passaient le plus souvent dans des salles formidables à des tarifs formidables !!! Noyant ma déception dans la bière, je patiente donc jusqu’au début du concert des BellRays en me rappelant tous les souvenirs que nous avions partagé ensemble, les Soledad Brothers et moi.

Ah ce petit Cage That Tiger du concert du point éphémère de l’année dernière… Ah ces gros bras du batteur qu’on avait découverts au CAT à Bordeaux… Et merde, je n’aurai jamais de tee-shirt d’eux, je me contenterai de mon pull bleu et blanc à rayures, qui était déjà serré à l’époque où je l’avais acheté et qu’il faut que j’évite de porter complètement désormais ou je risque de me provoquer une occlusion intestinale.

Bon, c’est l’heure, les 4 BellRays arrivent sur scène. Les 3 dont je me souviens sont là : la grosse chanteuse, le guitariste aux grosses lèvres et le bassiste qui ressemble à Gart de Wayne’s World. J’ai lu le matin dans Rock&Folk que le batteur change à chaque album donc a priori c’est normal que je ne le reconnaisse pas. Il s’agit d’un sosie de Luis Figo auquel on aurait mis une perruque à la Jackson Five, avec un bandeau blanc dans les cheveux et en kimono noir, la classe.

Le concert commence par 4 chansons de soul-blues complètement nulles à chier. Bon sang de bonsoir ! D’abord ils annulent les Soledad Brothers et ensuite les BellRays font de la merde ⁈ Quelque chose ne tourne décidément pas rond sur cette planète en ce moment.

Puis commence la 5ème chanson, qui finalement va durer 1 heure puisque dès lors, les BellRays enchaînent quasiment non stop du rock’n’roll comme on l’attendait depuis le début du concert, faisant doucement monter la sauce, jusqu’à ce que le public maroquinien — dont la moyenne d’âge doit vaguement dépasser la trentaine — commence à bouger les pieds, les mains et se mette à pogoter dans la fosse. Alors que le début du concert laissait augurer le pire, il est finalement incroyable ! Pensez-donc, du garage non stop pendant 1 heure avec le meilleur public que j’ai pu voir dans un concert de rock à Paris !

Le rappel est triomphal. Le groupe revient sur scène pour 3/4 nouvelles chansons, dont leur reprise de Les Cornichons de Nino Ferrer. Stupides BellRays ! Ils sont trop bons, le public ne va pas les lâcher comme ça et réclame un 2ème rappel. Et les BellRays de céder à cette requête et de débouler sur scène, la coupe de champagne à la main, pour entamer un Highway To Hell repris en chœur par un public qui n’en demandait pas temps.

La mission était compliquée : faire oublier les Soledad Brothers et rattraper un début de concert effroyable, les BellRays l’ont rempli haut la main, on reviendra.