Ce samedi 8 octobre 2011, les happy few du Nouveau Casino dont je faisais partie ont pu assister à un très bon concert d’un très bon groupe très méconnu. British Sea Power est en effet ce genre de groupes de quatrième ou cinquième zone dont personne ne parle alors que quand même, hé, ils sont parfaitement capables de trousser des chansons pop comme n’importe quelle formation qui remplit les stades.

Et donc, ce groupe de losers existe depuis le début des années 2000 et est responsable de plusieurs petites merveilles directement envoyées dans les oubliettes du rock. Sur leur premier album The Decline of British Sea Power (titre a posteriori significatif de la lose ambiante…), ces types nous pondaient déjà des choses magistrales comme ce Remember Me (“Do you remember me?” Oui, mais on est pas nombreux !).

Tout le reste de l’album est assez génial mais à l’époque, il n’intéresse personne, en pleine vague des groupes en “The” (The British Sea Power, ça aurait déjà plus marché les gars !). Bref, un mauvais timing pour des mecs qui sonnent comme du Arcade Fire en moins grandiloquent, avec un chanteur parfois au faux air de Bowie mais qui arrive 40 ans après la bataille.

M’enfin, ça ne les empêcha pas de continuer d’y croire, et de nous balancer, tous les 3 ans environ, une nouvelle livraison de titres restés depuis dans les cartons de l’Histoire.

En 2008, Do You Like Rock Music ? (“Oui, merci, et vous ?”) sort dans l’indifférence générale tandis que BSP atteint encore des sommets de composition, avec un album plus varié que les deux précédents. Mais voilà, les fans d’Arcade Fire se contrefichent de No Lucifer, ceux de Clap Your Hands Say Yeah n’ont cure d’Atom. Mauvais timing toujours, à défaut de mauvaises chansons.

Et cette année est sorti Valhalla Dancehall (après une anecdotique bande originale de film-documentaire sur la chasse à la baleine…). Je suis prêt à parier qu’il ne changera d’aucune manière la vie de ses interprètes confinés à l’anonymat à jamais. Dommage, car Living is so Easy avait tout du single de l’année.

Enfin, tant pis. Tant pis pour eux, tant pis pour nous. British Sea Power ne mérite pas son sort. A l’image de leur pauvre roadie : un type méga-classieux, banane impeccable, bottes en cuir parfaites, capable de décapsuler des bières avec une bouteille d’eau et qui pourtant passe le concert dans l’ombre.

Voilà, British Sea Power, c’est ça : de la classe, de la musique parfaite mais à jamais dans l’ombre.