“La critique est aisée, et l’art est difficile”, comme disait Voltaire Destouches. Faisant fi de la sagesse de François-Marie Arouet Philippe Néricault, restons planqués derrière notre écran d’ordinateur, et balançons un peu sur ce qui est considéré comme, qui un monument, qui une pierre angulaire, qui un must have des 80’s : j’ai nommé Steve McQueen de Prefab Sprout.

Il y a quand même un truc bizarre. Alors qu’on entend encore et toujours des “J’aurais aimé vivre dans les sixties !”, ils sont moins nombreux ceux qui regrettent de ne pas avoir connu les années 80. Alors pourquoi ? C’était pas la classe les survêts en coton et les jupes fluo ? Et pourquoi avoir un walkman avec des écouteurs recouverts de mousse orange serait moins tendance que de posséder un juke-box à côté de son flipper ? Et pourquoi découvrir a posteriori n’importe quel groupe de branquignoles des années 60 est-il plus recommandable que de jeter une oreille 30 ans plus tard sur le sommet artistique de Prefab Sprout ?

La réponse à la dernière question est évidente : Steve McQueen contient à lui seul tous les mauvais côtés de la musique des eighties. En écoutant les 11 titres (11, c’est long !) de manière assidue, on se dit qu’on ne serait pas surpris si, en lisant les notes de l’album, on découvrait que Phil Collins est derrière les fûts sur Appetite et sa batterie lourdingue, si Sting faisait la deuxième voix sur Horsin’ Around, ou si Moving the River était en fait un inédit de Lionel Richie.

Et pourtant, cela commence plutôt bien : Faron Young, sa rythmique country et son banjo rigolo nous font espérer… jusqu’au break plus que douteux. Deuxième titre, Bonny, plaira aux amateurs de l’estival Le Soleil Donne de ce brave Laurent Voulzy… jusqu’au refrain, effrayant de mauvais goût. La suite est du même tonneau, remplie d’effets dégueus (au hasard : When Love Breaks Down — rien que le titre déjà…) ou de guitares funky-time à oublier (Hallelujah — le seul mérite de ce titre étant de ne pas avoir été repris par Jeff Buckley).

On distinguera quand même, dans tout ce marasme, 3 titres meilleurs que les autres (pas sûr qu’on les réécoute cependant) : Faron Young donc, mais aussi Goodbye Lucille #1, plus épuré que la moyenne, et Horsin’ Around qui, naviguant entre cha-cha et jazz, parvient à nous faire sourire un peu…

Mais sinon, rien, soyons francs, ne nous retient : on ne sait même plus quoi dire de Desire as, et ce ne sont pas les pets de claviers sur le onzième et dernier (ouf !) titre When the Angels, qui sauveront l’affaire.

Bref, pour qui n’a pas 40 ans en 2010, 2 possibilités : ne jamais écouter Prefab Sprout, ou bien s’y risquer quand même, sachant qu’il est très probable d’avoir alors la moustache qui pousse, de voir un pantalon beige recouvrir ses jambes et un bandana investir ses cheveux.

Ailleurs :

  • Évidemment, rien de Prefab Sprout, mais plutôt, Canada de The Field Mice, moins connu, mais bien meilleur en tant que groupe 80s.