Il y a un mois, Dead Rooster était au Primavera Festival, à Barcelone. Ce vendredi-là, en plein milieu d’après-midi, Joe Gantdelaine et moi-même étions installés dans le Parc Central del Poblenou, scène satellite du festival où la verdure remplace le béton, mais que le festivalier snobe très majoritairement. Gobelet de San Miguel en main, confortablement installés dans des chaises de jardin, à l’ombre des arbres alentours, nous regardâmes le concert des Fresh & Onlys, les auteurs du récent Play It Strange. Le concert nous convainquit de nous le procurer.

Le disque s’ouvre par une chanson charmante de légéreté, Summer Of Love, introduction facile et avenante. Guitares claires et reverb prononcée sur la voix sont discrètement épaulées par orgue, xylophone et bongas, histoire de caraïber l’ambiance. Le second titre passe la vitesse supérieure, on ajoute des choeurs haut perchés, la basse se met à emmener tout son petit monde derrière elle tandis que la guitare se cale dans un riff aussi simple que génial qui conclut le meilleur titre de l’album, Waterfall, déjà référencé dans nos pages dans une compile.

Si Lee Mavers avait vingt ans de moins, prenait des anti-dépresseurs et des Frosties au petit déjeuner, était né à San Francisco et passait plus de temps à la plage, The La’s s’appelleraient The Fresh & Onlys. La comparaison est audacieuse, voire complètement conne, mais beaucoup de similitudes existent : même goût prononcé pour le folk, dans tout ce qu’il a de plus cool (Until The End Of Time, Red Light, Green Light), même alternance de pop songs parfaites (Waterfall donc, mais aussi Be My Hooker ou Plague Of Frogs) et de morceau de bravoure (Tropical Island Suite).

Quand on ajoute à ça un morceau assez audacieux par sa bizarrerie mais finalement très réussi, Who Needs A Man, on obtient un grand disque. Le meilleur depuis un bout de temps en fait. Ce qui est chouette, c’est que contrairement aux La’s, The Fresh & Onlys font plein de disques : Play It Strange est déjà le troisième LP du groupe. Il va falloir se procurer de toute urgence The Fresh & Onlys et Grey-Eyed Girls, les albums précédents.

Laissez-moi conclure par une petite anecdote authentique relative au plaidoyer du retour des disques vinyles et prouvant en outre que le groupe est très sympa. Quelques instants après leur concert barcelonais, je suis allé voir les voir pour savoir s’ils avaient avec eux des exemplaires de leurs disques à vendre. Le guitariste acquiesça, et me tendit le précieux 33 tours : “on les vend 20 euros sur le site mais bon, donne ce que tu peux ou ce que tu veux, et ça ira”. La vente se conclut sur 12 euros, coupon de téléchargement des MP3 et poignée de main inclus.