Tout a commencé il y a 16 ans. J’avais 16 ans. M6 passait encore de la bonne musique. J’enregistrais toutes les semaines l’émission de Laurence Romance, puis l’heure de clips pop/rock qui suivaient. Des choses mémorables : l’interview de Matthew Caws déguisé en lapin rose, le clip de Fountains of Wayne avec les plans sur les pieds cloutés. Daddy’s On Prozac aussi. Et parmi tout cela, je tombe un jour sur Take A Run At The Sun et son clip bricolo rempli d’effets spéciaux à faire mourir Ray Harryhausen (la preuve, le vieux monsieur est maintenant six pieds sous terre). Mon premier souvenir de Dinosaur Jr, c’est donc ça : J. qui s’envole à l’aide d’une guitare téléguidée dans un décor de plage californienne. Le reste de mon histoire dinosaurienne est truffé de ce genre de détails insignifiants pour le commun des mortels…

Premier achat : Hand It Over en édition limitée avec le EP Bonus de Take A Run At The Sun donc. A posteriori, comme introduction à la discographie de J. et sa bande, ça reste pas si mal ! Ce CD, je l’ai écouté en boucle, en passant un temps infini à lire et relire chaque ligne du livret. Je n’ai plus ouvert le disque depuis un bail, mais je me souviens qu’il manque des dents de maintien au CD bonus et que ça m’a longtemps chagriné.

Très rapidement j’ai acheté tout ce qui était disponible pour le petit provincial d’avant Amazon que j’étais. A commencer par Green Mind et You’re Living All Over Me, trouvés à l’espace culturel d’Edouard L. Deux claques… Les visuels n’étaient pas du meilleur goût, mais ils m’ont marqué à jamais.

Quant à la musique, c’était bien plus qu’une claque ! Plutôt des coups de massue à répétition je dirai. J’avais alors un système de notation très simple : j’effectuais le rapport “nombre de chansons que j’aime/nombre de morceaux sur le disque”. Sans jamais atteindre le 10 sur 10, Dinosaur Jr. était toujours au dessus de 8 sur 10 (en gros, y avait qu’une chanson que j’aimais pas sur chaque disque). En ce temps-là, très peu des groupes que je suivais étaient capables d’une telle qualité et d’une telle constance. Hand It Over avait 10 sur 12 (Gotta Know, pas terrible et Alone moi, elle m’a toujours barbé…), Green Mind a eu 9 sur 10 (Flying Cloud, trop cheap), You’re Living All Over Me était à 9 sur 10 aussi (putain de Poledo !).

À chaque nouvel achat, l’idée se confirmait que je pouvais acheter n’importe quoi de monsieur Mascis les yeux fermés. Bug (8 sur 9 - pourquoi Don’t ?). Where You Been (9 sur 10 - un demi-point retiré conjointement à Get Me et Drawerings, parce que quand même, elles se ressemblent beaucoup !). Même les copains me confortaient dans mes choix : la première écoute de Without A Sound s’est faite chez Matthieu D., fan de hip hop devant l’éternel. CD acheté en ville en début d’aprèm, aussitôt déballé et mis sur la platine une fois chez lui avant de commencer la partie de Destruction Derby (ou de Gran Turismo… enfin, un jeu de bagnoles… ou alors c’était Crash Bandicoot). Enfin bref, la lecture commence, le bouchon qui fait pop pour la première fois de ma vie, et les guitares qui moulinent. Au bout d’un quart d’heure, une remarque du style : “ah ouais, c’est pas mal ton groupe là !” (dans la bouche d’un amateur de rap, c’était une grande victoire…).

Bon, et puis quand même, la (seule) tuile de ce parcours : lors d’une excursion à Paris, au Virgin des Champs Elysées (une caverne d’Ali Baba à l’époque…), je tombe sur un disque de Deep Wound, le groupe d’avant Dinosaur Jr. Bilan : 1/18 (heureusement qu’il y avait Dead Babies). Un des seuls disques que j’ai revendu… Horrible ! Heureusement, je n’ai pas eu le temps de douter : dans la foulée, Dinosaur (l’album), le nouveau venu dans ma discothèque, récoltait un 10/11 (pas trop fan de Mountain Man).

A suivre…