Je sais désormais que faire le top 2010 n’aura pas été vain : il m’a incité à réécouter Halcyon Digest, le 4ème album de Deerhunter, sorti cette année.

Merci le web, l’album est en écoute sur Spotify et je me mets au travail. Avant de découvrir la richesse de l’album, il faut quand même se convaincre d’aller au delà du premier titre de l’album, qui le fait démarrer trop tranquillement à mon goût. Earthquake fait un peu penser à Air - ce qui est loin d’être un compliment venant de ma part - et est un peu longuet. Le reste est d’un tout autre acabit.

Après de l’électro planeuse, Deerhunter nous montre que le format single pop leur va bien également : la trilogie Don’t Cry, Revival et Memory Boy prouve que Deerhunter devrait avoir sa place sur toute radio qui se respecte.

Entre ces pépites immédiates, d’autres morceaux se chargent de baisser le tempo comme Sailing (qui porte bien son nom : on a l’impression de faire la sieste sur un bateau dérivant sur une mer d’huile), Basement Scene ou Helicopter (à ne pas confondre avec le titre de Bloc Party, jadis merveilleusement repris par les Hooray Henrys, il est toujours bon de le rappeler).

Quant à Desire Lines, c’est selon moi le meilleur morceau de l’album. Il s’y trouve en plein milieu et lui sert de pierre angulaire, synthétisant en une chanson les différentes facettes du groupe. Les premières minutes installent le morceau dans un climat dont la seconde moitié parviendra à démontrer la beauté. Ce final me fait penser à Pixies reprenant le motif d’orgue du Mine’s not a high horse des Shins, ou bien encore au Blur de morceaux de leurs deux premiers album (du genre Sing, Oily Water ou Resigned, pas les plus connus certes, mais pas les plus mauvais). Bref, un morceau qui rappelle Pixies, les Shins et Blur, personnellement, ça me va bien.

Pendant que j’en suis à parler des groupes auxquels me fait penser Deerhunter, revenons sur Revival, qui me rappelle à chaque fois Near Wild Heaven de R.E.M. La transition est idéale pour annoncer que le groupe vient des États-Unis, et plus précisément de la ville d’Atlanta, dans l’état de Géorgie… le même que R.E.M1. Quant à la composition du groupe, il s’agit d’un quatuor ayant pour leader un certain Bradford Cox, que nos grands-parents qualifieraient de dégénéré de premier ordre.

Cox est né à Athens et souffre du syndrome de Marfan qui dès l’âge de dix ans lui donna une allure bizarre (ses propres mots en V.O. sont “looking awkward”), il se déclare gay mais sexuellement non actif (“non-sexual lifestyle”) et dit composer sa musique selon la technique de courant de conscience (en gros, il rentre dans des sortes de transe dont il ressort selon ses dires avec six ou sept chansons). En parallèle de Deerhunter, il mène un projet solo, Atlas Sound, assez intéressant lui aussi. Enfin, on sait aussi qu’il est fan de Jay Reatard, puisque l’ultime morceau d’Halcyon Digest, He Could Have Laughed, qui n’est clairement pas indispensable, lui est dédié.

Pour résumer, si vous zappez le premier morceau (dommage qu’il ne s’arrête pas au blanc de 2:15) et ignorez le dernier titre, le disque respecte les pré-requis du disque idéal, à savoir contenir entre 9 et 12 morceaux et durer entre 32 et 38 minutes. Merci de ne pas les remettre en question, j’y ai réfléchi pendant de longues heures alors vous pouvez me faire confiance.

Bonus

Near Wild Heaven par R.E.M. :

Oily Water par Blur :

Resigned par Blur :

Mine’s Not A High Horse des Shins :

  1. C’est bizarre à écrire “que R.E.M.”… Phonétiquement on dirait plutôt “qu’R.E.M.”… Mais c’est pas correct… Ou alors faudrait dire “qu’Erreuhem”.