Catégorie “Vieux Films à voir en DVD”

Cluny Brown (La Folle Ingénue), d’Ernst Lubitsch

Cluny Brown est une fille un peu fofolle, pleine de vie mais qui ne se conforme pas assez aux règles de la bienséance de l’Angleterre de la fin des années 30. Par exemple, elle s’intéresse un peu trop à la plomberie, qu’elle pratique de façon plus spectaculaire que savante. Son oncle, lassé de son comportement et inquiet pour son avenir, décide de la placer comme servante dans une grande famille de la banlieue londonienne. Cluny y retrouve un exilé tchécoslovaque, Adam Belinski, qu’elle a déjà croisé à Londres.

Certes, le couple est séduisant (Jennifer Jones pétillante et pleine de charme comme une Punky Brewster devenue adulte, Charles Boyer - acteur français ! - à l’accent continental ayant certainement inspiré le personnage de Jean Girard), certes on rit de bien des choses (surtout de la famille du pharmacien, sosie avant l’heure d’Alain Chabat), mais le film reste moins brillant que d’autres œuvres de Lubitsch telles que To Be or Not to Be (comédie au scénario génial sur l’invasion nazie en Pologne, remaké avec Mel Brooks en 1983) ou The Shop Around The Corner (une des toutes premières comédies romantiques de l’histoire).

Notons malgré tout que Cluny Brown rejoint Rusty James dans le clan de ceux qu’on appelle tout le temps par le prénom et le nom de famille (la classe).

La musique qui va avec : rien de bien folichon sinon cette scène où le sosie d’Alain Chabat joue du piano. Du coup, ça donne envie de regarder La Carioca, mais pour ça il faut cliquer ici, car il y a toujours des gens pour bloquer l’intégration des vidéos sur les pages web. Les ringards !


La Chambre du fils (La stanza del figlio), de Nanni Moretti

Nous sommes à Ancône. Une chouette famille avec 2 enfants (un garçon et une fille qui ne s’appellent ni Bud, ni Kelly) coule des jours heureux. Sauf qu’un jour, Andrea (le fils) est accusé d’avoir volé une ammonite au lycée. Coupable ou pas, ce n’est pas bien clair mais toujours est-il que Giovanni (le père) commence à douter de la probité de son fils, légère fissure dans la perfection familiale. Un dimanche, alors que chaque membre de la famille s’occupe à ses petites affaires, Andrea meurt dans un accident de plongée sous-marine.

Palme d’or à Cannes en 2001, le film observe la mécanique du décès d’Andrea sur les membres de la famille. Le père, psychanaliste, n’arrive plus à écouter ses patients, la mère s’entête à vouloir rencontrer le flirt de vacances d’Andrea, la soeur ne dit plus un mot et devient un Joey Barton du basket féminin.

Si la menace de l’ennui plane tout au long du film, on finit néanmoins par rentrer dans l’histoire, bizarrement structurée : une intrigue préliminaire qui dure presque la moitié du film, pas de réel enjeu sinon effectuer le travail du deuil.

La musique qui va avec : By This River, de Brian Eno


Catégorie “à voir au ciné mais faut se dépêcher”

Ni à vendre/Ni à louer, de Pascal Rabaté

Un week-end sur le littoral de la Loire Atlantique, avec une flopée de personnages loufoques et cocasses, deux mots qu’on n’a que trop rarement l’occasion d’utiliser.

Le cinéma à pas cher, des fois c’est bien, parce que ça permet de découvrir des pépites qu’on allait voir sur le bout des pieds. En l’occurrence, avant que je ne me rende compte que ce film était du même auteur que Les Petits Ruisseaux (charmante surprise de 2010), je n’allais pas voir ce film d’une complète gaieté de coeur.

Et pourtant, c’est drôle et mimi comme tout, à la croisée des chemins des Deschiens (on y croise François Morel mais aussi le plus méconnu Jean-Marc Bihour), de Groland (Gus Kervern) et de l’héritage glorieux des comédies franchouillardes (Chantal Neuwirth sert de lien avec P.R.O.F.S., le Belge François Damiens et le côté choral rappelle le fabuleux L’Hôtel de la Plage).

Dans ce film, quand on dort : on ronfle, quand on est saoul : on conduit de travers, les moustiques : ça fait bzzz, on boit le café en lisant le journal devant la caravane au petit déjeuner. Une vision beaucoup plus drôle et beaucoup plus attachante des vacances à la plage que Camping par exemple. Le film est donc recommandé.

La musique qui va avec : Les vacances à la mer, de Mike Brank


Et sinon, par ordre de recommandation :

  • Une Séparation, d’Asghar Farhadi : Ours d’or du meilleur film en 2011, un très beau film iranien sur la justice et la fierté, qui finit par forcer les gens aux meilleures intentions et à la meilleure volonté possibles à ne plus se regarder dans les yeux.
  • Pater, d’Alain Cavalier : un film qui sort de l’ordinaire, imaginatif, simple et prenant… Ce qui fout les jetons, c’est qu’après deux heures de film, on se dit que Cavalier et Lindon feraient de bien meilleurs présidents que tous les présidentiables réels actuels.
  • La Conquête, de Xavier Durringer : syndrome The Social Network du film intéressant pour raconter une chronologie d’événements réels. Après, la scénarisation, les qualités et défauts prêtés aux différents personnages et la valeur artistique du film laissent perplexes.
  • The Hangover Part II (Very Bad Trip 2), de Todd Phillips : on rigole gentiment pendant 98% du film, on rit franchement dans les 2% finaux.
  • Beginners, de Mike Mills : la sensibilité de Mills est prometteuse, comme on l’avait déjà dit il y a 5 ans, mais il tarde à confirmer dans ce film assez ennuyeux.
  • Animal Kingdom, de David Michôd : si l’ambiance arrive parfois à être prenante, le scénario est bancal et le jeune héros nous convainc que confier un premier rôle à Zinédine Zidane ne serait pas une riche idée.