En ces temps de “best of”, de “meilleur de 2009”, de “top five” et autre “top of the pops”, il serait superflu de proposer notre bilan de l’année (de toute façon, c’est simple, le disque de l’année, c’est La Superbe de Benjamin Biolay et la chanson de l’année, c’est Brandt Rhapsodie de Benjamin Biolay). Il faut donc trouver un autre sujet de discussion musicale. Et pourquoi ne parlerait-on pas de Jason Falkner ? Oui, pourquoi pas, hein ?

Alors contrairement à certains, et même s’il a bossé avec, il n’est ni inutile, ni insultant de présenter Jason Falkner. Avant tout, on a envie de dire que Jason, c’est un mec sympa ! Y a qu’à voir la liste des gens avec qui il a collaboré au cours de ces dernières années : Paulo donc, mais aussi Beck, Air, Daniel Johnston, Brendan Benson. Il semblerait qu’il suffit de l’appeler pour que, tout de suite, le brave Jason rapplique. En même temps, vu qu’il fait tout sur ses propres albums (Qui écrit les chansons ? C’est lui ! Qui joue de tous les instruments ? C’est lui ! La production ? C’est lui ! Je vous laisse deviner qui est derrière la table de mixage…), on comprend qu’il doit avoir envie de voir du monde de temps en temps.

Mais surtout, Jason, c’est un peu notre ami imaginaire qui existerait vraiment mais qui ne saurait pas que c’est notre ami (oui, donc, finalement, “un ami imaginaire”). En effet, depuis plus de 10 ans et la sortie de Author Unknown, son premier (et sans doute meilleur) album, ce mec revient tous les 2, 3 ans avec des chansons intemporelles, pleines de mélodies touchantes qu’on jurerait avoir entendues mille fois avant, chez la bande à Paulo, chez les frères Davies ou chez d’autres groupes des sixties. Et donc, depuis 1996, on retrouve régulièrement notre pote, venu nous raconter plein de nouvelles histoires.

Le lecteur attentif aura sans doute remarqué que les allusions aux scarabées récemment remaîtrisés commencent à se multiplier dans cet article. Ce n’est pas uniquement dû au hasard. La route de Jason est, elle aussi, longue et venteuse, parsemée d’embûches et de zigzags. D’ailleurs, suivre la discographie de ce type est un boulot à temps plein. Pour résumer, disons qu’à l’heure actuelle, il existe 4 vrais albums (Author Unknown, Can You Still Feel ?,_ I’m Ok…You’re Ok_ et le petit dernier de 2009 All Quiet on the Noise Floor), un maxi (Bliss Descending), une compile de démos (Necessity) et un double album de raretés (Everyone Says It’s on). Ainsi que 2 albums de … reprises des Beatles, version berceuse (Bedtime With The Beatles, part 1 & 2). Tout cela avec, évidemment, force changements de labels. Pour compliquer les choses, signalons que les plus récentes livraisons de M. Falkner ne se sont faites qu’au Japon. Et même si Jason lui-même supplie les amateurs de sa musique de ne pas acheter ses disques en import, le fan de base pourra contenter son appétit relativement facilement sur la toile et ses multiples sites marchands.

Car oui, je l’avoue, je suis “fan de base” : si j’ai investi dans le dernier Daniel Johnston (très bon au demeurant) les yeux fermés, c’est principalement pour la collaboration avec mon ami imaginaire. Et si j’hésite environ 3 secondes avant de faire chauffer la carte bleue sur internet à chaque nouvelle sortie, c’est qu’au final, je connais le résultat à l’avance : une bonne dose de beatleseries modernes, de la pop accrocheuse et solide. Alors, certes, Jason est prévisible ! Certes, il fait toujours à peu près le même disque ! Mais c’est souvent tellement réussi qu’on ne peut pas lui jeter la pierre. Bon d’accord, le 3ème album était en deçà, même s’il contenait de bons moments (This Time ou Komplicated Man notamment). Cela ne m’a pourtant pas empêcher de me jeter virtuellement sur All Quiet on the Noise Floor. Et je ne le regrette pas ! Un disque de très bonne facture, avec des morceaux parfaits (Princessa, My Home Is Not a House), des mélodies entêtantes (Counting Sheep) et une reprise (Jet Silver and the Dolls of Venus) d’un obscur groupe de prog-rock, qui donnerait presque envie de s’intéresser aux mecs qui ont pondu l’original.

Pour finir, signalons à ceux qui n’en ont pas encore assez, que Jason a eu une vie artistique avant sa carrière solo (au sein de Jellyfish notamment), et qu’il a aussi un side project (TV Eyes) qui fait une sorte d’électro-pop plutôt pas mal (enfin, pour le fan de base j’imagine !).

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